Lettre ouverte de Maxime et Stéphane Heulot pour la sauvegarde du monde amateur

Lettre ouverte de Maxime et Stéphane Heulot pour la sauvegarde du monde amateur

Pour les Heulot, le cyclisme est une véritable histoire de famille. Et si le papa, Stéphane, est aujourd'hui le manager général de la formation Lotto-Dstny, le fils, Maxime, s'est lui occupé de la Sojasun Espoirs, une structure qui a malheureusement disparu comme de nombreux clubs amateurs, qui année après année, tirent la sonnette d'alarme !

Lettre ouverte de Maxime et Stéphane Heulot

De part mon environnement familial, j’ai pu observer le monde du cyclisme professionnel en tant que coureur et en tant que manager par mon père et amateur en tant président d’association cycliste par mes deux grands-pères. Voici ma vision sur le cyclisme amateur. 

L’arrêt de certaines équipes de DN1 ont une raisonnance particulière mais cela n’est que la face visible de l’iceberg. Ces situations ont déjà été vécues par d’autres clubs, elle s’est seulement accentuée depuis ces dernières années. Les organisateurs de courses doivent jongler entre budget réduit et sécurité des coureurs avec des aménagements urbains de plus en plus dangereux, pour au final 20 coureurs au départ.

Il y a de moins de moins de courses dans les jeunes catégories et une barrière à l’entrée toujours plus importante avec le coût du matériel. Il est important de préciser que le cyclisme amateur repose sur le modèle associatif et donc des bénévoles. Aujourd’hui un président de club est responsable financièrement sur ses deniers personnels si l’association n’y satisfait pas elle-même. Ces personnes sont donc au front afin de trouver des partenaires, de se conformer à la réglementation, de former des jeunes et de les accompagner seulement par passion.

Remettons au centre du projet les centres de formations qui permettent d’accompagner les jeunes dans leur passion. Remettons les amoureux du cyclisme en lumière. Redonnons du sens aux différentes catégories afin de donner de la visibilité aux équipes. Soyons vigilants sur le développement de nos jeunes qui ne peuvent pas tous être vainqueur du Tour de France à 22 ans.

Soyons patients, cultivons la performance dans une logique de bienveillance pour promouvoir le cyclisme auprès du grand public. N’oublions pas l’authenticité du cyclisme. Nous avons besoin du sport business pour se développer mais n’oublions pas d’où l’on vient sinon les conséquences seront dramatiques dans les années à venir si ce n’est déjà pas le cas. Le cyclisme fonctionne comme le développement d’un coureur, afin de performer des fondations solides sont nécessaires.

Par Maxime Heulot

Le recrutement des talents de plus en plus en plus jeunes met à mal leur scolarité, le bien fondé du double projet (sport et étude) et les oblige à se consacrer très rapidement vers le seul but d’être professionnel. 

Au delà du fait qu’une carrière sportive est courte dans une vie, quels hommes allons nous “construire” dans l’après si ils parviennent à une hypothétique carrière sportive? 
Quid de ceux qui ne “dureront” pas et qui ne seront pas retenus pour accéder au niveau supérieur (après le passage du stade “devo”…il n’y aura pas de place pour tous!).
Le haut niveau amateur disparu, nous n’aurons plus d’accompagnement ni de futur pour ceux qui, pour de sages raisons, auront préféré les études ou plus tardifs en terme de maturité : (ex Bouchard passé pro à 27 ans etc…).

Nos courses amateurs vont disparaître: les devo team ou Conti n’organisent pas de courses, les DN oui.

Ces coureurs “ratés” reprendront peut être le vélo plus tard mais toute la philosophie fédérale démarrée dans les années 2000 sera anéanti et compliquée à relancer pour ne pas dire impossible.

Si l’accession aux classe 2 est réduite pour ne pas dire nulle, quelle visibilité justifie un budget minimum de 350 K€? Aucune.
La pyramide est désormais promise à ce que la base sera plus étroite que le sommet…l’équilibre est ébranlé. Quand on se réveillera il sera trop tard et il est déjà trop tard. Trop de décideurs (ligue pro, fédérations…) ont oublié d’où ils venaient et grâce à qui…c’est triste

Par Stéphane Heulot

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