Interview, Vincent Bengochea : "Le but de l'Entente Iparralde, c'est d'abord de permettre à ces juniors de courir dans leur catégorie"

Interview, Vincent Bengochea : "Le but de l'Entente Iparralde, c'est d'abord de permettre à ces juniors de courir dans leur catégorie"

Interview Vincent Bengochea : "Le but de l'Entente Iparralde, c'est d'abord de permettre à ces juniors de courir dans leur catégorie"

Si le Pays Basque Sud est doté de plusieurs équipes et de belles épreuves chez les professionnels, de clubs amateurs de haut niveau avec un calendrier fourni, le Nord semble faire pâle figure à côté. Pourtant, les bénévoles de l'Aviron Bayonnais et du SA Mauléon, continuent avec leurs moyens d'entretenir la flamme et de transmettre aux plus jeunes la passion du cyclisme. Les deux clubs ont décidé de créer ensemble l'Entente Iparralde, destinée aux juniors. Tout en restant licenciés dans leurs clubs respectifs, les coureurs auront ainsi la possibilité de participer à des épreuves réputées, en France et au Pays Basque Sud. Peut-être un tremplin pour certains, avant d'aller goûter du haut-niveau chez les espoirs et pourquoi pas un jour chez les professionnels ?

Vincent Bengochea, ancien directeur sportif de l'Armée de Terre chez les professionnels, encadrera les jeunes de l'Entente Iparralde. Ce passionné originaire de Mauléon, évoque avec nous ce projet et fait le point sur ses autres activités dans le cyclisme, sans oublier bien sûr d'évoquer la belle aventure vécue avec l'équipe de l'Armée de Terre.

Une structure dédiée aux juniors avait vu le jour l'an dernier à Mauléon. Finalement le rapprochement avec Bayonne devenait inévitable ?

Alain Arhie, à la tête du SA Mauléon, voulait faire quelque chose pour les juniors car il n'y avait rien pour eux dans les Pyrénées-Atlantiques. Après l'arrêt de l'équipe de l'Armée de Terre je suis resté un an sans prendre de licence, puis j'en repris une à Mauléon. Avec Alain Arhié et Pette Elisseix, qui avait couru au SAM et adore s'occuper de préparation et d’entraînement, nous avons monté cette équipe junior en 2020, avec neuf coureurs. Pour la saison prochaine nous n'aurions eu plus que 5 juniors à Mauléon, c'était limite.

En croisant les gens de l'Aviron Bayonnais, qui allaient eux souvent courir au Pays Basque Sud, dont le dirigeant Vincent Vierge, nous nous sommes dit que nous pourrions faire quelque chose ensemble et le courant est de suite passé. Nous aurons ainsi ensemble 11 juniors dans l'Entente Iparralde l'année prochaine. C'est vrai qu'avec deux clubs basques seulement de ce côté de la frontière, ce rapprochement parait logique.

Retrouver une direction sportive, même avec les jeunes, est une satisfaction ?

Oui la partie entraînement n'est pas vraiment ma tasse de thé, mais en revanche j'aime ce rôle. Donner les consignes, s'occuper de tactique de course, c'est mon élément. J'adore le briefing avant, puis s'adapter pendant la course, donner les directives et faire le debriefing après, pour faire progresser les jeunes, leur expliquer ce qui a été ou pas. Leur rappeler que la route était étroite en début de course, qu'il fallait être devant pour éviter la cassure, ce genre de chose. J'aime étudier les parcours sur une carte, avec les outils numériques qu'on possède aujourd'hui, étudier les endroits stratégiques et établir ensuite une tactique de course.

Pour des juniors, avoir un directeur sportif qui a exercé chez les professionnels doit forcément être enrichissant.

Disons que j'espère leur apporter cette plus-value au niveau de la connaissance de la course. C'est vrai que j'ai passé trois ans chez les pros avec l'Armée de terre et avant cela pas mal d'années en DN1. J'ai eu la chance de pouvoir diriger de supers coureurs et de gagner de belles courses avec eux.

Durant cette pré-saison comment vous organisez-vous, en tenant compte de la situation actuelle ?

Dans un premier temps nous avons travaillé tout ce qui est PPG, renforcement musculaire, en organisant des séances en visio avec Pette Elisseix à la baguette. On leur a demandé de faire aussi d'autres activités que le vélo comme du footing ou du VTT, et depuis mi-novembre ils ont repris la route. Ils ont leur programme d’entraînement hebdomadaire, que Pette récupère ensuite. A partir de janvier on espère faire des entraînements groupés une à deux fois par mois. On va essayer également de mettre en place un stage de pré-saison. L'an dernier avec nos juniors de Mauléon nous étions partis quelques jours en Catalogne, mais pour l'instant ça parait compliqué d'aller là-bas. On va s'adapter, on essaie de faire au mieux, avec nos petits moyens et sinon on fera le stage ici même.

Comment devrait s'articuler le calendrier de l'Entente Iparralde pour sa première année d'existence, dans l'hypothèse d'une saison à peu près normale ?

On devrait débuter la saison avec la Nationale Juniors de Marmande, en mars. Côté français, on a prévu ensuite la Nationale de Montguyon en Charente, en avril, nous allons postuler pour le Tour de Gironde en mai, même si c'est très réputé et que ça sera difficile d'y être, et nous avons prévu le Tour des Cévennes en août et celui du Gévaudan en octobre. On va ensuite profiter de la proximité du Pays Basque Sud, où il y a de très belles classiques ou courses à étapes et une densité de très bons coureurs chez les juniors vraiment intéressante, pour permettre aux nôtres de s’aguerrir. Nous avons ainsi prévu, entre autres, la Gipuzkua Klasika Internacional en mai, course UCI où il y a les meilleurs espagnols, la Vuelta a Gipuzkoa en juin, la Vuelta a Navarra et le Championnat d'Euskadi en juillet.

Le but de l'Entente Iparralde, c'est d'abord de permettre à ces juniors de courir dans leur catégorie. Aujourd'hui chez nous il n'y a pas de courses juniors, les jeunes sortent des cadets et se retrouvent directement à courir avec les deuxième catégories. La progression n'est pas au rendez-vous et souvent chez les juniors, beaucoup arrêtent le vélo et s'en vont vers un autre sport. Nous avons tablé sur un budget de 14 000 euros pour réaliser le calendrier que l'on souhaite faire et nous sommes pour l'instant à environ 10 000 euros, ce qui n'est déjà pas si mal. Après si nous arrivons pas au budget prévu, on adaptera le calendrier en fonction, mais nous aurons toujours cette chance d'avoir pas mal de courses juniors côté espagnol, près de chez nous.

S'il fallait retenir un nom dans l'effectif de cette année ?

Certainement Maxime Renoux, de l'Aviron Bayonnais. Il a déjà goûté au haut niveau national et a fait de bons résultats pour sa première année junior, avec un profil de grimpeur. Il a fait les Championnats de France cette année, a terminé 10e au Championnat d'Aquitaine et 19e du Tour du Gévaudan par exemple.

L'objectif de l'Entente Iparralde est de permettre à quelques jeunes d'intégrer par la suite une structure de haut-niveau, d'un côté ou de l'autre des Pyrénées ?

C'est le but en effet. Vincent Arhié a couru l'an dernier dans l'équipe espoir Grupo Eulen de Zarrautz, avec Patxi Darthayette, qui est dirigée par l'ancien coureur pro David Etxeberria et ils nous ont dit qu'ils gardent un œil côté français, donc pourquoi pas de ce côté-là à l'avenir. Le but de cette Entente est de faire progresser ces jeunes, mais les meilleurs doivent ensuite partir c'est certain.

Est-ce que des contacts existent également avec la Fondation Euskadi, ne serait-ce que pour un soutient logistique par exemple ?

Pas pour l'instant en tout cas. A ce jour nous ne les avons pas contacté et eux non plus, mais nous en sommes encore au tout début, il faut mettre l'Entente Iparralde sur les rails. En tout cas, pourquoi pas à l'avenir, sait-on jamais. C'est sûr qu'après cela peut attirer des jeunes, s'ils voient quelqu'un passer par chez nous et aller ensuite courir dans la filiale de la Fondation Euskadi, ce serait porteur évidement. Après comme vous dites, cela peut être être juste un appui matériel pour démarrer.

En dehors de l'Entente Iparralde, parlez-nous de vos autres activités désormais dans le monde du cyclisme.

Comme je suis retraité de l'armée et que j'ai du temps, j'ai commencé à collaborer avec l'équipe féminine FDJ-Nouvelle-Aquitaine-Futuroscope, non pas comme directeur sportif cette fois, mais comme assistant. En 2021 j'aurais en gros entre 10 et 15 jours par mois où je serai avec l'équipe, notamment sur les Strade Bianche, le Tour des Flandres, Liège-Bastogne-Liège, la course de la Vuelta ou le GP de Plouay. C'est un beau projet qui est en train de grandir, avec un très bel effectif et j'ai découvert un groupe vraiment très sympa. Depuis deux ans je fais le Tour de France pour La banane de Guadeloupe&Martinique où je conduis des invités durant la course, et je conduis également la voiture neutre sur la Route d'Occitanie derrière les échappées, d'ailleurs cette année c'était l'occasion de suivre de près quelques cadors.

Que garderez-vous de ces années passées chez les professionnels avec l'équipe de L'Armée de terre ? Des regrets sans doute sur la manière dont cette histoire s'est achevée ?

Je garderai toujours des regrets c'est certain. C'est des souvenirs incroyables. La dernière année on a terminé avec 24 victoires, c'est énorme quand même à ce niveau, en remportant le Tro Bro Léon, le Tour de Finistère ou une étape de la Route du Sud. On avait réussi à mettre en place une cohésion dans le groupe, où les gars se battaient vraiment pour le maillot avant de se battre pour eux. Quand on voit certaines équipes où il y a de l'argent mais pas de cohésion, ça ne peut pas vraiment marcher. C'est comme dans un sport collectif, si le groupe fonctionne bien, tout le monde tire l'équipe vers le haut. Nous étions arrivé à ce niveau de cohésion et en incluant des coureurs d'expérience comme Damien Gaudin ou Julien Loubet, nous avions réussi à tirer encore un peu plus l'équipe vers le haut. Si nous étions resté chez les pros un an ou deux de plus, on aurait pu envisager de gagner encore d'autres courses et passer encore un cap.

Malheureusement le projet de reprise avec le Team Lima Da Costa n'a pu ensuite aboutir.

Nous continuons toujours à travailler dessus avec David, nous sommes très régulièrement ensemble au téléphone. Nous avons rencontré beaucoup de gens, avons eu des touches, parfois pris des claques aussi, mais ne baissons pas les bras. Ce que nous disons aux partenaires potentiels c'est que vu nos résultats à la fin, nous savons manager les gars pour qu'ils arrivent à donner le meilleur d'eux et nous mettons en avant cette gestion humaine. Nous gardons espoir.

Propos recueillis par Ximun Larre. Crédit photo : Vincent Bengochea.

L'Entente Iparralde 2021 :

Président : Alain Arhie

Vices-présidents : Rémi Duong Van

Entraîneurs : Pette Elisseix, Vincent Vierge

Directeur sportif : Vincent Bengochea

Coureurs : Adrien BASCOU (Junior 1), Aristote BERTIERE (Junior 2), Bastien ETCHEGARAY (Junior 2),Nicolas GRATIEN (Junior 2), Pierre LAILHEUGUE (Junior 2), Maxime RENOUX (Junior 2),Quentin OSPITAL (Junior 1), Sébastien POUYAU (Junior 1), Mathis RAT (Junior 1), BryanRIOS (Junior 2), Mathéo VIERGE (Junior 1)

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