Interview. Dmitriy Fofonov « La première partie de saison ne s'est pas passée comme prévue »

Interview. Dmitriy Fofonov « La première partie de saison ne s'est pas passée comme prévue »

Il y a deux ans, Astana comptait 23 victoires au moment d'aborder le Giro. Cette saison, la formation kazakho-canadienne n'a levé les bras qu'à deux reprises. La faute à un début d'année tronquée par les reports et à un manque de réussite (six deuxièmes places). En attendant, bien qu'il ait conscience que ces résultats sont insuffisants, Dmitriy Fofonov ne veut pas perdre confiance. Avec le Giro qui débute samedi, Astana-Premiertech a l'occasion de repartir du bon pied. Avant d'enchaîner avec les autres objectifs de la saison que sont le Tour de France et les Jeux Olympiques.

La première partie de saison vient de se terminer au Tour de Romandie avec une 7ème place au général pour Ion Izagirre. Quel bilan faites-vous de ces quatre premiers mois de compétition ?

Ce n'est pas assez brillant, mais si vous transformez les six deuxièmes places qu'on a eu en victoires ça change tout de suite la donne. On sait bien dans le vélo qu'il faut avoir un petit peu de chance.

Au-delà de ça, on a dû modifier notre début de saison suite au report des épreuves espagnoles. On a décidé du coup de mettre les leaders sur les premières courses et pas mal de coureurs sont restés du coup sans compétition. Les gars n'étaient pas en super forme, mais ce n'est pas une surprise. Sur les classiques, on a été à notre place vu notre préparation. Il y a des gars qui ont été plus forts. Jakob (Fuglsang) n'est pas encore monté en puissance. Alexei Lutsenko, de son côté, n'a pas retrouvé son niveau depuis sa chute sur Paris-Nice.

Il reste sur un abandon lors du dernier Tour de Romandie. Comment va t-il aujourd'hui ?

On a pris la décision de ne pas pousser car à cette période de l'année, déjà, en général, il ne va jamais bien. D'habitude, il est super bon en début de saison et bien qu'on ait déjà essayé de l'amener en forme pour les classiques ardennaises c'est toujours une période compliquée pour lui. On a essayé de le prendre sur le Tour de Romandie car il était tombé sur Paris-Nice et cela avait entraîné une petite coupure. Mais on a vu que c'était toujours la même chose donc on a préféré qu'il coupe afin qu'il récupère et qu'il revienne en forme sur les prochaines courses avec comme objectifs les Jeux Olympiques et le Tour de France.

Vous évoquiez le fait qu'il débute généralement fort la saison. Qu'est-ce qui n'a pas fonctionné cette fois-ci ? 

On a demandé cette année à nos leaders de reprendre plus tard pour arriver plus tard en forme avec notamment les Jeux Olympiques et les Championnats du Monde en point de mires qui peuvent être favorables aux coureurs que nous avons. On devait à la place briller avec nos autres coureurs sur les courses en Espagne et voir ce qu'était capable de donner notre jeunesse. Mais avec les changements de programme on a dû tout modifier. Et quand vous modifiez les choses, ce n'est pas sûr que ça fonctionne. Après, quand vous regardez les coureurs qui ont gagné cette année ce sont toujours les mêmes. Il a Van der Poel, Van Aert, Alaphilippe et Roglic. Puis les frères Yates. Si on fait le bilan, il y a beaucoup de coureurs qui n'ont pas gagné au final. On a quand-même eu un bon passage sur le Tour du Pays-Basque. On en avait fait un objectif et l'équipe a été à la hauteur. Comme quoi quand on vise quelque chose on y arrive. Espérons désormais avec le calendrier habituel qu'on arrive à retrouver notre rythme. 

Jakob Fuglsang visait les classiques. Ça reste une déception pour vous ?

C'est un grand coureur, on attendait mieux. Il a essayé. Il était motivé pour les classiques, mais on a vu qu'il manquait d'explosivité sur une centaine de mètres. On ne peut pas dire qu'il n'était pas au niveau. Il a été présent, mais il n'a pas fonctionné comme on l'aurait souhaité. Il sait ce qu'il manque. Il va faire une coupure, puis se remettre au travail lors du prochain camp d'entraînement à Tenerife afin d'arriver en forme sur le Tour de Suisse avant d'enchaîner avec le Tour de France.

Au rayon des découvertes, il y a Javier Romo. Vous êtes satisfaits de son évolution ?

C'est plutôt pas mal. Il a un bon moteur et a la tête sur les épaules. Maintenant, il faut qu'il acquiert de l'expérience. Comme beaucoup de jeunes coureurs qui sont dans notre effectif. Javier a couru sa première course World Tour à l'occasion du Tour de Romandie. Il a chuté, mais c'est le métier qui rentre. C'était aussi la première fois qu'il courait sous la pluie. Il y a eu aussi le froid, il n'avait jamais vécu ça. Il faut tout apprendre, même pour les bidons, les vestes. Il y a beaucoup de choses nouvelles pour lui. Mais c'est normal, il n'a débuté le cyclisme que l'an dernier.

Le Giro débute ce week-end avec Aleksandr Vlasov en tant que leader. Vous êtes confiant ?

Depuis le début de saison, il a fait de bonnes prestations. Il a répondu présent. Sur le Giro, il va être épaulé par deux coureurs d'expérience que sont Gorka Izagirre et Luis Leon Sanchez. 

Si on arrive à faire un bon Giro et que derrière nos autres leaders arrivent en forme pour le Tour de Suisse, le Dauphiné et le Tour ça ira. On a nos objectifs, il y a juste la première partie de saison qui ne s'est pas passée comme prévue.

Qu'est-ce qu'un bon Giro pour vous ? Un podium avec Vlasov ?

C'est son premier Grand Tour avec de grosses ambitions et on va faire le maximum pour y arriver oui. 

Vous allez viser les victoires d'étapes également ?

On verra au fur et à mesure, mais la priorité reste le classement général. On a un bon collectif. 

Harold Tejada est prévu pour épauler Aleksandr Vlasov en haute montagne. Il a plutôt déçu à l'occasion du Tour de Catalogne où il avait le rôle de leader. Il sera prêt ?

Oui, il a bien travaillé au camp d’entraînement. Après, lui aussi son programme ne s'est pas déroulé comme prévu. Il est arrivé de Colombie avec le Covid. Après, il a eu du mal à s’acclimater au changement d'altitude entre ici et là-bas et il suffit d'un mauvais jour pour le payer cher sur une étape de montagne. On sait que c'est un coureur de qualité, c'est un super grimpeur. On est assez confiant. 

Quel est votre favori pour le maillot rose ?

Ineos arrive avec une équipe qui est assez costaud. Ils ont l'expérience des Grands Tours. J'ai hâte de voir, sinon, dans quel condition va être Remco Evenepoel. La même chose pour Vincenzo Nibali qui a longtemps été incertain. C'est assez ouvert. Puis on est n'est pas à l'abri de surprises comme l'an passé.

Projetons-nous sur le prochain Tour de France. Jakob Fuglsang a déjà annoncé qu'il ne jouerait pas le classement général. L'objectif va être les victoires d'étapes ?

Oui, on va avoir un collectif axé pour cela. 

Alexey Lutsenko va lui viser les Jeux Olympiques ?

Oui, pour le Kazakhstan c'est très important. C'est un projet national. Si on arrive à avoir des médailles, cela prouvera qu'on ne travaille pas pour rien. Regardez l'an dernier sur le Tour, cela faisait plusieurs années qu'Alexey ambitionnait une victoire et on y est parvenu. 

Evoquons maintenant les transferts. Qui dit Giro dit tractations en vue de la saison prochaine. Vous avez commencé à planifier l'effectif pour 2022 ?

On a un projet sur papier, c'est certain qu'il va y avoir des mouvements.

Concernant Aleksandr Vlasov, on imagine que vous allez attendre la fin du Tour d'Italie ?

Pour le moment, on ne parle pas de contrat avec lui. On parle de performance, on espère qu'il confirmera son potentiel sur le terrain. Après, on discutera et tout est possible.

On imagine que vous souhaitez le conserver ?

Oui, c'est nous qui l'avons récupéré et qui l'avons fait grandir. Ce serait dommage qu'il parte.

Propos recueillis par Alexandre Paillou

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