Edito : une attente déjà trop grande autour de Thibaut Pinot ?

Edito : une attente déjà trop grande autour de Thibaut Pinot ?

"A peine rentré et déjà scruté et disséqué par les suiveurs et les fans du coureur français", tel est le constat que l'on peut tirer au lendemain de la première course de Thibaut Pinot, qui a effectué sa rentrée dimanche lors du Grand Prix La Marseillaise. Une rentrée lors de laquelle le leader de la Groupama - FDJ a terminé au sein du peloton principal.

Trop d'attente autour de Thibaut Pinot ?

C'est la première chose qui marque les esprits en ce qui concerne Pinot, cette attente folle que l'on note au premier coup d’œil sur les réseaux sociaux, comme si ses plus fervents supporters (et quelques suiveurs) avaient mis de côté toute objectivité, et se laissaient bercés et portés par leurs espoirs les plus fous. Ceux forgés sur les souvenirs du Tour de France 2019, où le leader de la Groupama - FDJ était à deux doigts de réaliser l'exploit, celui de succéder à Bernard Hinault, dernier français vainqueur de la Grande Boucle, c'était en 1985.

Attention donc à ne pas tomber de haut, car cet espoir dopé par un discours plus qu'optimiste de la part des dirigeants de la Groupama-FDJ pourrait être rapidement douché et confronté à une réalité moins réjouissante, et ce pour plusieurs raisons.

Une concurrence qui a progressé

La concurrence tout d'abord a progressé, et si Pinot paraissait en mesure de jouer avec Bernal et Thomas en 2019 notamment, le duo slovène Pogacar - Roglic semble être d'un tout autre calibre, et les éclosions de coureurs comme Vingegaard, Carapaz, Mas, Evenepoel et autres Almeida ou Haig ont logiquement fait reculer le grimpeur français dans la hiérarchie, d'autant plus que celui-ci n'a pas vraiment de repère face à cette concurrence, et que son équipe paraît sur le papier beaucoup plus faible que les armadas du World-Tour.

Aucun repère par rapport à son niveau post chute

En dehors de la concurrence qui s'est renforcée et du niveau qui a augmenté, l'un des problèmes concernant Thibaut Pinot, c'est de n'avoir aucun véritable point de repère depuis sa chute, si ce n'est un bien modeste Tirreno-Adriatico l'an passé, et par conséquent, tout comme pour d'autres coureurs victimes de problèmes majeurs, il est impossible d'évaluer objectivement son niveau physique, ni sa capacité à tenir de nouveau le rythme et la cadence sur une course de trois semaines, voir tout simplement une épreuve par étapes du World-Tour.

Quels objectifs en 2022 ?

C'est la grande question, et lorsque l'on interroge quelques uns des suiveurs les plus assidus, la réponse est plus ou moins la même, il est difficile d'imaginer Thibaut Pinot être de nouveau capable de lutter pour un podium sur les routes du Tour de France, où même pour la victoire sur une course par étapes d'une semaine en World-Tour, et ce pour les raisons évoquées dans les paragraphes précédents, mais pas que. Pour la Grande Boucle tout d'abord, la première semaine s'annonce très piégeuse, et le parcours pas vraiment favorable à un grimpeur, pas plus que ceux de Tirreno, du Romandie ou du Tour de Suisse, où il faudra là de nouveau croiser la route des Pogacar, Roglic and cie.

Néanmoins, on peut objectivement penser que si Thibaut Pinot se focalise sur les succès d'étapes, il pourrait s'avérer redoutable dans ce domaine, surtout si il est dépourvu d'ambitions au classement général des courses majeures auxquelles il prend part, et donc sans danger pour les cadors. Et sans parti pris aucun, tout ce que l'on peut souhaiter au français, qui a soulevé les foules en 2019, c'est de faire de nouveau rêver les fans de vélo tricolores, via quelques uns des numéros dont il a le secret.

Par Charles Marsault

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