Edito : Israel Premiertech, où la complainte de l'enfant gâté

Edito : Israel Premiertech, où la complainte de l'enfant gâté

En grande difficulté sur le plan sportif, la formation Israel Premiertech mène la fronde depuis quelques semaines sur le terrain médiatique par l'intermédiaire de son propriétaire Sylvan Adams, qui, bien aidé par la presse anglo-saxonne, a trouvé une tribune pour pouvoir exprimer son mécontentement vis à vis de l'UCI et du système de relégation. Une fronde qui pose question face à un système connu et accepté de tous, même après la première année "Covid", comme l'a indiqué l'Union Cycliste Internationale via un communiqué de presse récemment, et qui ressemble plus à la complainte d'un enfant gâté aux moyens quasi illimités, qui, au lieu de remettre en question ses choix sportifs, préfère pointer le doigt dans une autre direction.

La menace d'une plainte et d'un évènement pour concurrencer le Tour de France

Si la menace d'une plainte devant les tribunaux n'amuse personne et ne fait pas honneur à celui qui l'a proférée, celle de la création d'un événement visant à concurrencer le Tour de France, a du faire rire un bon paquet d'observateurs avisés du monde de la petite reine, et n'est pas sans rappeler la mégalomanie d'un certain Donald Trump, qui avait eu la même idée à la fin des années 90, avec le succès que l'on connaît puisque seulement 2 éditions se sont déroulées...Un non sens complet tant l'écart est grand entre la plus grande course du monde et le reste des épreuves du calendrier UCI, et une menace qui ressemble plus à un geste désespéré qu'autre chose, car franchement, qui peut croire que même à coups de millions, une seule formation de l'élite pourrait avoir envie de se passer de la Grande Boucle ?

Un recrutement qui montre que l'argent ne fait pas tout

Le hic, lorsque l'on commence à blâmer les autres pour ses problèmes, c'est que ça encourage à aller observer de plus près où se situe justement le problème. Et lorsque l'on s'attarde un peu sur le recrutement de ces dernières saisons de la formation israélienne, on s'aperçoit que le problème ne vient pas forcément de l'UCI, mais plutôt de la cellule de recrutement, qui pour le dire franchement, a fait n'importe quoi.

En effet, lorsque l'on offre un pont d'or à Chris Froome pour le résultat que l'on connaît, il ne faut pas s'étonner ensuite de ne pas être au niveau sportivement, surtout si l'on combine ce choix aux arrivées d'une flopée de trentenaires en bout de course, quasiment tous plus décevants les uns que les autres. Le tout sans oublier bien entendu, ces coureurs "tempête", performants en division continentale, et qui curieusement, obtiennent un peu moins de résultats une fois arrivés en World-Tour.

Et des choix stratégiques curieux de la part du staff

A cela il faut ajouter des choix stratégiques curieux, comme celui d'amener Michael Woods sur le Tour of Britain, alors que le parcours ne lui convenait pas et que les classiques canadiennes se déroulaient au même moment. Un Michael Woods visiblement pas au courant non plus du tracé des étapes, et certainement briefé de manière un peu curieuse, qui au micro de La Chaine Lequipe, indiquait que le final de la 1ère étape devrait simplement se résumer à une lutte entre les meilleurs.

Résultat des courses, c'est un peloton quasi complet qui s'est joué la gagne à l'arrivée...

On notera par ailleurs aussi la décision d'aller ce mardi se présenter au départ du Tour de Slovaquie. Une bonne idée au départ pour marquer des points, sauf que...aucun des coureurs du top 10 de l'équipe n'est aligné sur l'épreuve slovaque, et pour Barbier ou Berwick, il faudrait au minimum gagner la course pour l'intégrer.

Une relégation méritée sur le plan sportif

Sportivement, et même si c'est terrible à dire, la relégation de la formation Israel Premiertech est méritée, car non seulement est elle très loin du compte lors que l'on cumule les points obtenus lors des 3 dernières années, mais en plus, elle est aussi larguée cette saison, contrairement à Lotto-Soudal par exemple.

En effet, avec seulement 4 374 points au compteur, ISP n'a pas été en mesure d'inverser la tendance, et se retrouve donc en très grande difficulté, non seulement pour le maintien en World-Tour, mais aussi pour les invitations automatiques sur les 3 Grands Tours de la saison 2023.

Devancée par Lotto-Soudal mais aussi par Total Energies, celle-ci devra en effet en l'état actuel des choses passer par les invitations pour espérer participer au prochain Tour de France. Et pas certain que la menace de créer une épreuve dissidente soit le meilleur moyen de convaincre ASO, surtout quand sportivement, on ne possède aucune carte capable de donner envie aux organisateurs de faire un geste.

Car le problème pour Israel Premiertech se situe également là, quel coureur de l'effectif est suffisamment "bankable" pour donner envie à ASO, RCS ou Unipublic de leur proposer une invitation au détriment d'une Pro Team du pays ?

Par Charles Marsault

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