Edito : une dose trop forte de chemins blancs pour un Grand Tour

Edito : une dose trop forte de chemins blancs pour un Grand Tour

RCS Sport a t-elle proposé trop de chemins blancs dimanche lors de la 9ème étape du Giro ? C’est la question qui se pose, et qui est posée par plusieurs observateurs depuis hier. Une question pour moi légitime, car un Grand Tour ne peut pas se résumer à une loterie.

Et si tout le monde était rivé derrière son écran durant toute la durée de l’étape, moi y compris, il faut garder en tête que le cyclisme est en premier lieu un sport, et non pas uniquement un spectacle, où le piège de la surenchère est de plus en plus présent.

Un Grand Tour ne peut pas se résumer à une loterie

Alors certes, l’étape était belle, et il serait malhonnête de nier qu’il fallait aussi des qualités de pilotage assez élevées pour naviguer sur les chemins blancs du Giro. Une habileté à souligner, et qui fait logiquement partie de la panoplie du cycliste. Malgré tout, un Grand Tour ne peut pas se résumer à un exercice aléatoire, où la chance devient le facteur principal pour décider du scénario d’une étape.

Car on peut vanter autant que l’on veut l’habileté de certains, mais les crevaisons, où le temps perdu à cause d’un coureur qui tombe devant vous, n’ont rien à voir avec cette dernière. Et c’est le point central de ma réflexion.

Un Grand Tour doit permettre au coureur le plus fort, que ce soit physiquement ou en terme d’intelligence de course de s’imposer, ni plus ni moins. Et dimanche, c’est le facteur chance qui a décidé de la hiérarchie entre les meilleurs. C’est lui qui a relégué Max Poole à l’arrière sur crevaison. Lui encore qui a engendré la chute qui a jeté à terre Roglic, puis sa crevaison. Lui également qui a propulsé au sol Storer, qui suivait le coureur qui le précédait. La liste est longue, et je pourrais continuer avec Pidcock, Ayuso, et tous ceux qui sont tombés loin des caméras à l’arrière et ont vécu une journée galère.

Le piège de la surenchère

C’est l’un des principaux pièges du cyclisme moderne, celui de la surenchère permanente. Des parcours de plus en plus difficiles, du lobbying de ceux qui ne veulent plus de temps mort, plus de journées de transition, qui font pourtant aussi l’essence du cyclisme sur route. Le même lobbying par ailleurs qui va condamner le dopage haut et fort, alors que le lien entre des courses de plus en plus dures et ce dernier paraît plutôt évident.

Quitte à passer pour un vieux con, le cyclisme, ce n’est pas les jeux du cirque. Les coureurs ne sont pas non plus des gladiateurs que l’on jette dans l’arène en espérant en avoir pour son argent. Combien de mois de préparation potentiellement jetés à la poubelle sur une étape comme celle d’hier ? Combien de sacrifices inutiles pour Primoz Roglic par exemple ? Quel regard pour Max Poole qui s’est fait la clavicule lors des Strade ? Une course à laquelle il n’aurait certainement pas participé sans cette étape des chemins blancs.

Respecter la notion d’équilibre

Pour ne pas tomber non plus dans le piège inverse et interdire toute innovation, je pense qu’il faut surtout respecter la notion d’équilibre, et les chemins blancs ne sont pas forcément à proscrire, loin de là. Il faut néanmoins se montrer raisonnable, et limiter leur nombre. Les regrouper en fin d’étape également pour ne pas que le Lotto débute trop tôt dans la journée.

Dans le cas de figure qui nous occupe, on aurait très bien pu imaginer 2 ou 3 secteurs, regroupés dans les 30 derniers kilomètres. Parfait pour créer des écarts entre les meilleurs, sans non plus trop handicaper les chances de ceux qui subiraient des coups du sort.

Bref, un peu de nuance, dans un contexte global qui en manque cruellement ne ferait pas de mal.

Par Charles Marsault, crédit photo : LaPresse

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