Interview : Anthony Turgis "Gagner en World-Tour"

Interview : Anthony Turgis "Gagner en World-Tour"

Interview : Anthony Turgis "Gagner en World-Tour"

Il fut cette saison l'une des satisfactions du Team Total-Direct Energie. Même s'il n'a pas gagné, Anthony Turgis a su faire preuve d'une grande régularité tout au long de l'année. Quatrième du Tour des Flandres, le natif de Bourg-la-Reine a montré à cette occasion qu'il pouvait rivaliser avec les meilleurs. Il espère à ce titre que l'arrivée de coureurs d'expérience comme Edvald Boasson-Hagen ou Chris Lawless permettront l'an prochain à l'équipe vendéenne de prendre une nouvelle envergure sur les classiques.

Quel bilan faites-vous de cette saison particulière ?

Même si ce fut une saison tronquée, j'ai quand même réussi à faire des résultats tout au long de l'année donc je suis satisfait. Après, certes, je n'ai peut-être pas gagné, mais les résultats sont tout autant satisfaisants.

Avec en point d'orgue cette belle quatrième place au Tour des Flandres...

Oui, car c'est l'une des plus grosses courses de l'année où beaucoup de coureurs espèrent briller. Donc réussir un Top 5 sur une épreuve comme ça c'est très fort. Ça a été ma meilleure course de la saison. Après, j'ai réussi à faire quelques bonnes places comme lors de la première étape du Tour de France à Nice où j'ai terminé neuvième. Mais c'est vrai que ce « monument » me porte un peu plus à cœur car j'étais assez proche du podium.

Une course vous laisse des regrets ?

Pas spécialement, même si aux Championnats de France j'avais les bonnes jambes pour accompagner ceux qui se sont disputés le titre. Il y a des petits moments où j'aurais pu suivre le bon wagon et où à l'arrivée il ne me manque pas grand-chose. Il y a des petites frustrations comme ça qui sont un peu décevantes, mais qui prouvent que j'étais quand-même en bonne condition.

Un mot sur ce Tour de France 2020 dont on a longtemps cru qu'il n'aurait pas lieu...

C'est vrai qu'on a été dans l'attente une grande partie de l'année pour savoir si on allait pouvoir le disputer ou pas. Une fois que la décision a été prise, c'est vite devenu l'objectif et on s'est préparé pour ça. Durant le Tour, on a senti que tout le monde était prudent. On était moins abordable que les autres années. D'un côté c'était compliqué à gérer, mais de l'autre c'était plus simple sans le public qui nous met la pression sur le bord de la route et qui nous prend beaucoup d'énergie au niveau de la vigilance.

Comment qualifieriez-vous la saison de Total-Direct Energie ?

On a moins gagné que les autres années, mais en même temps il y a eu moins de courses. Ça n'a pas été évident. On a eu des haut et des bas avec le Covid. Moi, quand on m'a annoncé que les courses prenaient fin après Paris-Nice, j'arrivais en forme pour les classiques et j'ai dû reprendre toute ma préparation derrière.

À côté de ça, on a quand même réussi à gagner de belles courses comme sur Paris-Nice, justement, avec Niccolo Bonifazio. On a été à notre place.

Vous avez prolongé pour deux saisons supplémentaires avec l'équipe. Qu'est-ce qui a motivé votre choix ?

La confiance, puis le projet pour lequel je suis venu. Ils me laissent le temps de progresser donc tout va bien.

La saison 2021 approche à grand-pas. Quels seront vos objectifs ?

Quand on arrive à avoir de bons résultas, forcément on espère faire encore mieux. J'aimerais réussir à décrocher une course World Tour, je cours toujours derrière ma première victoire à ce niveau-là. Je suis vraiment intéressé par les classiques, j'espère continuer à briller sur ces courses-là et si possible en gagner une. Puis après il y aura le Tour de France. Ça fait une année bien chargée, mais c'est jouable.

Si vous deviez gagner une course. Ce serait laquelle ?

Il n'y en a pas une spécialement qui me fait rêver, après j'ai toujours été un homme de championnat. Le fait de porter un maillot distinctif pendant une année c'est peut-être ce qu'il y a de plus glorieux. Tous les jours on va s'entraîner avec ce maillot de Champion de France donc c'est quelque chose ! Après, n'importe quel monument reste prestigieux.

Avez-vous déjà une idée de votre programme pour l'an prochain ?

Je ne sais pas encore si je vais changer ou pas, mais le but sera toujours le même c'est à dire d'arriver en forme sur les classiques.

Et pour ça on ne peut pas passer à côté de certaines courses qui vous préparent au mieux pour ces courses là. Le planning du début de saison devrait donc ressembler beaucoup à celui de cette année, même si de petites choses pourraient changer.

Total-Direct Energie s'est sérieusement renforcé à l'intersaison notamment avec des coureurs d'expérience comme Edvald Boasson-Hagen ou Chris Lawless. Un mot sur ce recrutement ?

C'est toujours un plus d'avoir un coureur comme Edvald Boasson-Hagen qui est capable de gagner sur le Tour de France. Ça peut apporter beaucoup à l'équipe. Ça apporte déjà des points, puis de la rigueur supplémentaire comme lorsque est arrivé Niki Terpstra. Ça a fait avancer les choses, et je compte d'ailleurs sur eux pour continuer à apprendre.

Cela pourrait vous apporter plus de liberté...

Dans les courses Flandriennes, c'est important d'être bien représenté dans les derniers kilomètres. Ça facilite les choses comme on peut le voir avec Deceuninck-Quick Step qui est toujours en surnombre. Pour eux, c'est plus facile. Il y en a un qui attaque, puis après c'est l'autre qui prend le relais. Quand on est seul, on ne peut pas se reposer. On joue un peu au poker. Soit on choisit d'y aller une fois sur deux pour pouvoir souffler, soit on prend le risque d'y aller tout le temps mais on laisse de l'énergie et on le paie souvent à la fin. On voulait donc prendre de la profondeur à ce niveau et c'est ce qui va se produire avec les arrivées de Boasson-Hagen et Lawless.

Tout à l'heure vous parliez du prochain Tour de France que vous espérez disputer. Vous êtes confiant pour que votre équipe décroche une invitation ?

Moi je le suis, faut se le mettre en tête. Ce n'est pas une semaine ou un mois avant qu'il se prépare de toute façon. Je pars donc sur une configuration Tour de France et j'espère qu'on y sera. On a fait un beau recrutement pour, notamment avec des coureurs de courses à étapes. Cela va nous permettre de bien travailler.

Pour conclure, un mot sur vos frères Jimmy et Tanguy. Comment se portent-ils ?

Ils vont bien, ils ont été bien soutenus par Jérôme Pineau...

On imagine qu'ils suivent de près votre carrière ?

C'est exactement ça, ils sont proches de moi et me conseillent toujours. Je continue à faire quelques sorties avec mon grand-frère (Jimmy) et on continue d'avancer ensemble.

Propos recueillis par Alexandre Paillou

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