Interview : Adrien Guillonnet "L'une des plus dures journées sur un vélo"

Interview : Adrien Guillonnet "L'une des plus dures journées sur un vélo"

Présent au sein de l'échappée du jour lors de la 3ème étape du Tour du Rwanda, Adrien Guillonnet a pris le temps de répondre à nos questions après l'arrivée. Pour Velo-Club, le coureur de l'équipe Interpro Cycling Academy revient sur ce qui a été l'un des plus dures journées qu'il ait vécu sur un vélo.

Comment s’est passée ta journée à l’avant, ça a été ?

Nan ça n’a pas été, être devant sur ce genre d’étape ce n’était absolument pas une bonne idée (rires).

Ce n’était pas prévu ?

Je n’avais pas vraiment prévu non, j’étais susceptible de me glisser dans les échappées mais ça devait également dépendre des circonstances de course, et de comment était composée l'échappée, car il y avait quand même plus de 200 kilomètres au programme, ce qui n’est pas anodin.

Comment t’es-tu retrouvé à l’avant ?

Dès le départ il y avait une petite bosse, et je me suis retrouvé à contrer une attaque. Personne ne m’a suivi et j’ai du faire 2 ou 3 kilomètres seul à l’avant. Ensuite je me suis fait reprendre, et il y a eu plusieurs attaques puis un groupe qui est parti, avec 8 ou 10 coureurs dont Gauthier et moi pour Interpro Cycling Academy. Cela me semblait intéressant car quand on est dans un groupe de cette taille, les relais reviennent moins souvent notamment. Le problème, c’est que je me suis vite retrouvé isolé seulement avec un coureur de Delko – Marseille tandis que le reste du groupe se faisait reprendre par le peloton. On a insisté un peu pour voir si du renfort arrivait et deux coureurs sont rentrés.

Qu’est-ce que tu t’es dit à ce moment-là vu le programme du jour ?

Je me suis dit que c’était un peu suicidaire à 4, car l’écart ne dépassait pas la minute. Heureusement au bout d’un moment on a réussi à gratter 3 minutes sur le peloton mais c’était mal embarqué dès le début.

L’ambiance était bonne au sein de l’échappée ?

Oui, on essayait aussi de ne pas trop s’employer car dans ces cas-là c’est toujours l’échappée qui dicte un peu le rythme. Mais c’était pas simple car les 80 premiers kilomètres n’étaient pas plats et au final tu es toujours en prise, et tu ne peux pas trop t’économiser.

C’est ensuite dans la 1ère longue ascension que vous avez été repris ?

Oui c’est ça, ça montait déjà un peu avant et on a perdu deux éléments. J’ai perdu un peu de temps sur le coureur de Delko dans une courte descente, mais au moment où je l’ai rattrapé puis lâché dans la montée, malheureusement le peloton est rentré sur nous, à mi-ascension environ. Ensuite j’ai traversé un peu celui-ci en tentant néanmoins de m’accrocher, mais je commençais à être cuit. Je ne sais pas si c’était à cause de la chaleur, des efforts consentis ou de l’altitude, mais j’ai vraiment commencé à accuser le coup.

Ça a été dur la fin du coup ?

Ouais, j’avais un peu mal partout de la tête aux pieds et à certains moments je voyais limite des étoiles. C’est le genre de chose qui n’arrive pas trop souvent et qui te donne envie de t’arrêter là et de poser ton vélo sur le bord de la route (rires).

Est-ce que ça a été l’une des journées les plus dures que tu as vécu sur le vélo ?

Ouais j’y ai pensé pendant l’étape, et c’est pas facile à dire. Je ne pourrais pas te dire si c’est la plus dure car ce n’est pas évident à évaluer, mais oui, c’était l’une des plus difficiles. D’autant plus que les épreuves où je frôle les 6 heures ça n’arrive pas souvent. Ça doit être seulement la 3ème fois si je ne me trompe pas.

D’autant plus que vous avez passé une partie de la journée à plus de 2 000 mètres ?

Ouais. On est parti de 1 700 mètres environ et les plus hauts sommets étaient environ à 2 400 – 2 500. Je ne sais pas si l’altitude a joué, je ne me rends pas compte, mais en tout cas ce n’était pas simple, et être dans l’échappée ce n’était peut-être pas la bonne idée du jour. Quand je vois les gars qui finissent bien placés, je pense qu’il y avait moyen de faire mieux en restant dans le peloton mais bon, ça on ne le sait qu’après et c’est également possible qu’en restant dans le peloton, j’aurais pété et pris 15 minutes.

Comment tu vois la suite désormais ?

Le général c’est mort à priori au vu des écarts, à moins de prendre une échappée qui récupère beaucoup de temps. Le but ça sera donc de se glisser de nouveau dans les échappées si c’est possible, ainsi que d’aider notre leader Hernan Aguirre qui a réalisé une très belle étape et reste placé au général. Tout ça dépendra aussi de la fatigue, de la manière dont je récupère, et de la chance également car tout le monde va désormais vouloir aller à l’avant.

Demain un peu plus récup’ alors ?

Je verrai, on aura un départ pas facile qui sera une bonne mise en route. Il faudra voir comment répondent les jambes car il n’y a que 100 bornes. On verra, je suis 2ème au classement de la montagne, donc ça peut également être un possible objectif.

Propos recueillis par Charles Marsault (photo : Interpro Cycling Academy)

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