Edito : le transfert d’Evenepoel, un argument pour un Budget Cap

Et si le transfert de Remco Evenepoel chez Red Bull Bora hansgrohe était un nouveau plaidoyer en faveur d’un Budget Cap ? Alors que les équipes « moyennes » peinent à survivre, les « armadas » elles semblent en parfaite santé, ce qui n’est pas sans créer un déséquilibre énorme dans l’écosystème du cyclisme pro.
En effet, là où certains se réjouiront forcément de voir Remco rejoindre une formation plus à même de l’épauler, d’autres y verront un nouvel signal inquiétant. Signal de plus en plus révélateur d’un cyclisme à plusieurs vitesses. D’un sommet de la pyramide qui paraît être le seul à se porter en bonne santé.
Malheureusement, on a rarement vu une pyramide tenir debout lorsque son sommet devient plus large que sa base. Par conséquent, les nombreux signaux et les nombreuses alertes doivent mettre la puce à l’oreille aux décideurs. Ceci sous peine de voir dans quelques années un World-Tour privé de son vivier. Mais aussi un déséquilibre complet dans les résultats, tant la domination des armadas s’intensifie année après année.
Stopper la fuite en avant pour éviter à la bulle d’exploser
Intermarché, Lotto, Arkea, voici la liste des trois équipes du peloton que l’on annonce en difficulté pour la saison prochaine. Qui semblent suspendues à l’espoir d’une fusion/absorption, ou à l’apparition d’un sponsor providentiel. Conjoncturel pour certains, mais révélateur d’un malaise plus profond pour d’autres. En effet, les équipes moyennes ne peuvent plus assumer la fuite en avant au niveau des salaires, et cette surenchère permanente amène les managers à prendre des risques.
Des risques pour continuer d’exister tout simplement, sous peine de voir les meilleurs coureurs leur filer sous le nez à chaque fin de contrat. Une situation intenable, qui éloigne également de nombreux sponsors potentiels. Des sociétés intéressées par le cyclisme de manière générale, mais qui à aucun moment n’ont les reins assez solides pour proposer l’argent nécessaire à la construction d’un effectif compétitif.
On peut donc raisonnablement penser que bon nombre de sponsors pourraient se retirer dans les années à venir, si personne ne réagit.
Mettre en place rapidement un Budget Cap
Loin d’être « communiste » cette mesure est mise en place par les ligues les plus puissantes du monde sportif, à savoir la NFL et la NBA. Des ligues qui ont bien compris un élément central, pour que le spectacle attire et que tout le monde y trouve son compte, il faut éviter à tout prix une sur domination liée à la taille du portefeuille du propriétaire de l’équipe. Un système qui fonctionne assez bien contrairement à ce que certains voudraient faire croire. Il suffit en effet de se pencher sur les noms des champions NBA et NFL des 20 dernières années pour s’en rendre compte.
Mais peu importe après tout, le sujet, c’est le vélo. Et sans réaction comme je l’évoquais précédemment, le système actuel va dans le mur. Où en tout cas il se réduira à une lutte à 5 ou 6 équipes.
Instaurons donc rapidement un Budget Cap, ceci dans un but unique, ré-équilibrer les débats. Instaurons un système de draft dans le même temps avec des contrats de trois ans pour les entrants, pour que chaque World-Tour ait sa chance d’obtenir un talent, et ce peu importe son classement.
Enfin mettons en place via les économies de salaire un véritable système d’indemnités de formation. Ceci afin de permettre à la base de former sereinement, ou en tout cas avec un peu plus que des miettes.
Par Charles Marsault