Edito : le monde amateur continue de crever en silence

Edito : le monde amateur continue de crever en silence

Les jours se suivent et se ressemblent malheureusement en ce qui concerne le monde amateur français et notamment son calendrier. Après la Ronde Nancéenne, qui devait se dérouler du 23 au 25 mai, c’est au tour du Prix de Sainte-Lizaigne d’annoncer son annulation.

Et c’est le même refrain qui revient pour ces deux courses, le manque d’engagés. Un refrain qui fait cruellement écho au cri d’alerte lancé par la photographe Amélie Barbotin il y a peu, qui évoquait déjà le peu d’engagements à 24 heures du départ du Prix des Ormes – Souvenir Tomas Perez.

Un refrain qui fait aussi écho à tout ce que l’on entend depuis de nombreux mois, aux difficultés rencontrées par un monde amateur qui crève en silence.

Si il n’est bien entendu pas question de mettre en opposition coureurs et organisateurs, loin de là, il faut plutôt essayer de comprendre et d’analyser la profondeur du mal être qui touche toutes les couches du cyclisme tricolore.

Les équipes disparaissent, les épreuves subissent des annulations, les engagements font défaut, les subventions fondent comme neige au soleil, et les bénévoles manquent à l’appel, voici le constat assez simple.

Sans vouloir se montrer alarmiste, à ce rythme il n’y aura plus rien à sauver dans 3 ans, que des ruines. Des ruines sur lesquelles le sommet de la pyramide pourra tenter de régner, mais je ne suis pas certain que le titre de Seigneur des Terres Dévastées soit très enviable…

Il est donc urgent d’agir, sans nier un contexte global défavorable, notamment en terme de financements. Il est temps de convoquer des Etats Généraux du cyclisme français, de réunir tous les acteurs qui souhaitent sauver le Cyclisme en France.

Mettre de côté les égos, et les querelles qui traînent depuis des années pour tirer dans la même direction.

Car des idées, il y en a, et plus intéressantes semble t-il que celles qui consistent à mettre un pansement sur une plaie ouverte. Comme c’était le cas avec la création de la Conti Fédérale, symbole d’un nivellement par le bas qui n’a aucun sens sur le long terme.

Certains ont évoqué une licence à 1 euros pour les bénévoles, d’autres parlent de changements dans les règles de participation aux épreuves, de remise à plat des catégories. D’autres questions sont également dans l’air, comme celle de l’intérêt de la Coupe de France en DN2 et DN3. Des interrogations aussi émergent en provenance des clubs, qui se demandent comment dans le contexte actuel on peut leur demander d’être présents la veille au soir des épreuves. Surtout au vu de leur précarité financière. Et à l’heure où une réunion des DS peut tout à fait avoir lieu en distanciel.

Enfin, il y a la question des comités régionaux, de leurs finances et de leur utilité. Du doublon avec les comités départementaux, qui ne fait qu’engendrer de la lourdeur administrative, mais aussi du manque de proximité de terrain.

La question aussi du paiement des arbitres, qui revient aux clubs, alors que ceux-ci ne récupèrent pas la majeure partie des frais d’engagements, et payent pour organiser. Pourquoi cette charge leur revient donc ?

Et pour finir, on peut aussi s’interroger sur le matériel. Sur le fait qu’au vu de son coût pour une famille, le cyclisme n’est plus un sport populaire. Pourquoi ne pas envisager un partenariat avec un équipementier, et proposer un vélo unique au moins dans les catégories de jeunes ? Cette proposition, qui prend de l’ampleur supprimerait la course à l’armement. Et l’inégalité également entre ceux qui peuvent se payer un vélo haut de gamme et ceux qui ne sont pas en capacité de se le permettre.

Bref, des solutions existent, et il est plus qu’urgent que tous ceux qui souhaitent sauver le cyclisme français puissent se mettre autour de la table avant que ce ne soit trop tard !

Par Charles Marsault

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